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Avenant N°7, paupérisation des kinésithérapeutes et pire encore ?

Avenant N°7 : paupérisation des kinésithérapeutes et pire encore ?
Article écrit par Thierry Blain, Fondateur et dirigeant de Kiné-Formations.

Thierry BLAIN formateur

Ou comment scier la branche sur laquelle on est assis.

Alors que la FFMKR valide les propositions de la CNAM, les deux autres syndicats semblent plus sceptiques reflétant ainsi la déception des praticiens. Les propositions de la CNAM semblent bien médiocres en regard du retard pris depuis plusieurs décennies au sein de la profession. En effet, les conditions d’exercice tout autant que le niveau de rémunération semblent se dégrader au fil des années, malgré les dires de certaines personnes probablement déconnectées de la situation sur le terrain.

Comment tuer la profession de kinésithérapeute ?

En observant la situation avec un peu de recul, l’on est en droit de se poser cette question.

Quels sont les faits ?

Voyons ce qui se trame depuis plusieurs années.

Comment tuer la profession de kinésithérapeute ?

Niveau de rémunération : l’évolution du niveau de rémunération des kinésithérapeutes n’a jamais suivi l’évolution de l’inflation depuis au moins trois décennies. On demande aux professionnels des soins de qualité sans leur en donner les moyens. Ensuite, on s’étonne (ou pas) que des kinés réduisent le temps de soin ou augmentent le nombre de patients pris par heure. Si le niveau de rémunération était décent et le nombre de praticiens suffisant, il serait alors possible d’imposer des critères de qualité dans la prise en charge des patients. C’est ce qui est pratiqué par certains pays voisins (Belgique, Suisse) et cela semble fonctionner. Pourquoi n’est-ce pas une proposition en France ? 

– L’arrivée des APA : Certain(e)s se réjouissent peut-être du développement des APA, mais à bien y réfléchir ne serait-ce pas un bon moyen de remplacer les kinésithérapeutes par des APA payés moins chers ? L’objectif étant toujours de faire des économies sur le budget de la santé, je crois malheureusement que nous avons laissé, encore une fois, d’autres décider pour nous.

– Les aides kinés :  Sujet récurrent et clivant, la création d’une nouvelle profession pose question. Le conseil de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes en a débattu de manière unilatérale (Voir l’enquête d’Alizé Kiné à ce propos), mais quel est le véritable objectif de ce projet ? Il ne semble pas encore bien clair. Est-ce un moyen détourné de proposer de la kinésithérapie low-cost ? Ou de compenser la perte de revenu des kinésithérapeutes, ou de créer un modèle à l’américaine ou des kinésithérapeutes peuvent embaucher autant d’aides kinés qu’ils le veulent et transformer les cabinets en business ? Bien que débattue à l’assemblée nationale, cette proposition ne semble pas l’avoir été au sein de la profession.

– Maison sport-santé : Probablement pour de bonnes raisons, les maisons de sport-santé sont aujourd’hui une réalité. Certes, l’activité physique est indispensable à la santé, mais quelle est la place des kinésithérapeutes dans ce projet ? Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter cet article.

À travers ces quelques exemples, il parait évident que la mise en valeur des kinésithérapeutes et des bonnes pratiques ne soient pas à l’ordre du jour. Malheureusement, cette situation semble délibérément organisée dès les études.

L’orientation donnée dans les études de kiné

Parmi les orientations du contenu des études de kinésithérapie aujourd’hui, il apparaît que la priorité soit donnée au hands off et à la rééducation essentiellement basée sur l’activité physique. Bien évidemment, il s’agit d’une partie importante de notre profession mais celle-ci doit-elle supplanter toutes les autres pratiques ? À entendre les collègues ayant recours à de jeunes remplaçants ou assistants, il apparaît évident aujourd’hui que la pratique manuelle est carrément exclue pour cette nouvelle génération. Alors qu’une quatrième année impose aujourd’hui des contraintes supplémentaires aux étudiants, sans permettre une revalorisation de leurs futurs honoraires, le niveau de la pratique s’oriente vers celle d’un prof de sport. Qui n’a pas vu un remplaçant arriver en tenue de sport et ne proposer à leurs patients que des exercices physiques et compter toute la journée 1,2,3,4,5 puis 1,2,3,4,5. Quelle tristesse !
Alors que notre D.E. permet une grande variété de pratiques, nous en sommes réduits à ne proposer que des pratiques de prof de gym (métier respectable, mais autre métier). Le but ne serait-il pas à l’avenir de nous remplacer par des APA ? Probablement que oui. Mais malheureusement, les jeunes n’en n’ont pas encore conscience. Manipulés, ils se font les défenseurs de cette approche qui tuera leur métier.

Une médecine à deux vitessesUne médecine à deux vitesses

Le niveau de rémunération est si bas, que beaucoup de kinés cherchent naturellement à proposer des actes hors nomenclature voir à se déconventionner, et pire encore arrêter leur métier.
Le système médical français est tellement délabré que tous les professionnels de santé admettent que nous avons déjà une médecine à deux vitesses et que tout est fait pour cela s’amplifie même au sein de la kinésithérapie.

Quelles solutions alternatives pour les kinésithérapeutes ?

Tous les kinésithérapeutes cherchent à compenser leur perte de revenu (relative à l’inflation).
Pour notre part, et au sein de Kiné-Formations, nous avons toujours essayé de permettre aux participants d’améliorer l’ensemble de leurs pratiques thérapeutiques tant dans l’anamnèse que dans l’anatomie palpatoire (permettant d’obtenir un bilan fiable), que dans les propositions thérapeutiques qu’elles soient manuelles ou gymniques. Ceci dans un but de pertinence thérapeutique afin de ne pas garder des patients chroniques des années durant sans aucun résultat. D’autre part, nous avons à cœur de proposer des formations dites « rentables », afin que vous puissiez améliorer vos compétences tout en valorisant vos revenus.

Afin de rester optimistes, il appartient aux kinésithérapeutes en exercice de créer eux-mêmes la profession qui correspond, tout autant à une efficacité thérapeutique qu’aux attentes du contexte professionnel.

Bonnes fêtes à chacune et chacun.

Je partage avec vous un message d’un collègue (Joël Castanet) et ami français exerçant au Canada afin qui vous puissiez prendre conscience de la voie vers laquelle la kinésithérapie française pourrait aller si nous n’y. Prenons pas garde.

Au Canada, l’aide kiné existe déjà (le CNOMK a possiblement trouvé l’idée la-bas) il s’appelle aide-physio et se nomme précisément TRP (technologue en réadaptation physique).
Il n’aide pas le physiothérapeute

Il le remplace !

Il peut tout faire SAUF l’évaluation de départ.

Il est censé faire ce que le physiothérapeute a décidé suite à son bilan.
C’est un exécutant à rabais dans les hôpitaux. Dans le privé, le système de santé ne rembourse pas la physiothérapie sauf si le patient a une assurance privée.
Souvent le propriétaire de ces centres est un investisseur qui n’est pas dans le médical. Et cherche donc essentiellement le profit. Donc il adore les aides-physio bon marché qui lui rapportent.

Deux anecdotes pour finir :
-Les TRP sont sous le contrôle de l’ordre des physio.
En 2020 leur dénomination a changé pour devenir les thérapeutes sont devenus des technologues pour bien faire comprendre la limite.
– Ici le TRP ne peut pas travailler sans physio SAUF si le Médecin fait lui-même l’évaluation préalable. Il y a donc des endroits où cela se pratique même dans le public.

Donc plus besoin du physio !!! CQFD
D’où la nécessité de ré-inventer notre métier par nous mêmes sans rien attendre des instances de ce pays.

le podcast :

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13 réflexions sur “Avenant N°7, paupérisation des kinésithérapeutes et pire encore ?”

  1. Bonjour, et merci à Thierry pour nous laisser cette opportunité de nous exprimer , de réfléchir ensemble pour faire évoluer notre profession.
    Après de longs mois de réflexion, et pour toutes les raisons évoquées par vous, chers collègues, j’ai enfin pris la décision d’augmenter de cinq euros chaque cotation. Donc un reste à charge de cinq euros pour le patient. J’ai décidé d’arrêter de mépriser mon travail ainsi que l’engagement que je mets à soigner mes patients. Je vais devoir apprendre à justifier ce supplément hors nomenclature en même temps que je propose 30 minutes de soins individuels, que j’utilise uniquement mes mains de kinésithérapeute que j’y inclus toutes mes formations, et en particulier ma formation en kinésithérapie Viscerale tellement présente dans mes séances etc….
    Je n’accepte plus malgré ma passion professionnelle de travailler avec aussi peu de valorisation de la part de nos institutions !
    Et en attendant des jours meilleurs c’est ma seule façon de continuer à garder ma motivation à offrir des soins de qualité !
    Meilleurs vœux à tous !

  2. Lecaplain Sophie

    Bonjour cher(e)s collègues, j’habite et travail en Charente Maritime en zone ZZR. Après avoir fait de l’usinage dans mon cabinet, il y a 3 ans à 52 ans,j’ai décidé de changer ma façon de travailler. Je voulais être à l’écoute de mes patients. J’ai donc décidé de faire que du domicile. Je travaille que 4 jours, avec mercredi de repos. Certes mon amplitude horaire est importante ( 9h – 22h), mais je me sens beaucoup moins stressée car je donne 1 créneau horaire à mes patients et SURTOUT je suis revenue aux sources en faisant que de la kine manuelle ce qui me permet d’être vraiment à l’écoute de mes patients.
    J’ai 15 à 17 patients/jour. Ce sont les frais kilométriques qui me permettent de gagner ma vie correctement et surtout pas les AK. Grâce à la COVID, je peux chiffrer mes frais kilométriques même si 1 cabinet est plus prêt que ma domiciliation pro qui est mon adresse perso. J’espère que cela ne changera pas sinon mon CA et bénéfice en prendront 1 sacré coup.
    Depuis 3 ans je suis là seule kine à faire que du domicile et qui reste minimum 3/4 heure chez mes patients, voir 1h à 1h30 pou des patients neuros.

    1. Bonjour chère collègue,
      Je voudrais juste savoir comment tu procèdes, de 9 h à 22h , pour t’occuper de patients exclusivement à domicile , en restant au minimum 3/4 d’heure , voire 1h à 1h30 pour les cas neuro; et en voir 15 à 17 /jour ?
      Sachant qu’il y a les temps de trajets à prendre en compte, et peut-être une petite pause ” repas “, je ne vois pas comment tu fais cela , même en 13 heures /jour , et ce, 4 jours/semaine. J’aimerais comprendre car cela semble totalement impossible !?!
      A titre d’info, j’exerce en libéral, en campagne , depuis 34 ans.

  3. C’est trop tard l’uberisation est malheureusement en route depuis longtemps et dans toutes les professions . C’est déjà depuis quelques années qu’il aurait fallu que nos syndicats se réveillent . Et nos politiques sont à fond. C’est la mondialisation.

  4. Superbe synthèse
    Notre profession doit se serrer les coudes et arrêter les gueguerres sur qu est ce qu un « bon Kine »
    D un côté celui qui va prendre un patient pendant une demie heure en tout manuel pour 15 a 20 euros De l autre celui qui va en prendre 4 ou 5 a l heure avec un plateau technique dont le coût du matériel lui impose de maintenir ce rythme ,avec en fin de compte le même niveau de rémunération
    La kinésithérapie traitement du mouvement par le mouvement. Profession nées en 1949 en regroupant les préparateurs physiques pour encadrer leurs pratiques
    J ai bien peur que la politique de la CNAM ne se base que sur des analyses de tableaux Excel

  5. Je partage avec vous un message d’un collègue (Joel Castanet) et ami français exerçant au Canada afin qui vous puissiez prendre conscience de la voie vers laquelle la kinésithérapie française pourrait aller si nous n’y. Prenons pas garde.

    Au Canada, l’aide kiné existe déjà (le CNOMK a possiblement trouvé l’idée la-bas) il s’appelle aide-physio et se nomme précisément TRP (technologue en réadaptation physique).
    Il n’aide pas le physiothérapeute

    Il le remplace !

    Il peut tout faire SAUF l’évaluation de départ.

    Il est censé faire ce que le physiothérapeute a décidé suite à son bilan.
    C’est un exécutant à rabais dans les hôpitaux. Dans le privé, le système de santé ne rembourse pas la physiothérapie sauf si le patient a une assurance privée.
    Souvent le propriétaire de ces centres est un investisseur qui n’est pas dans le médical. Et cherche donc essentiellement le profit. Donc il adore les aides-physio bon marché qui lui rapportent.

    Deux anecdotes pour finir :
    -Les TRP sont sous le contrôle de l’ordre des physio.
    En 2020 leur dénomination a changé pour devenir les THÉRAPEUTES, sont devenus des technologues pour bien faire comprendre la limite.
    – Ici le TRP ne peut pas travailler sans physio SAUF si le Médecin fait lui-même l’évaluation préalable. Il y a donc des endroits où cela se pratique même dans le public.

    Donc plus besoin du physio !!! CQFD. D’où la nécessité de ré-inventer notre métier par nous mêmes sans rien attendre des instances de ce pays.

  6. Philippe Freund

    D’accord à 200%. Le Kiné devient de plus en plus un prof de sport adapté. Absence de ” main” dans beaucoup de traitements. Beaucoup de “clinquant”, de machines (je ne cite pas de nom…), honereuses, qui imposent à faire du chiffre plutôt que de la qualité. Développement du télé traitement, niveau zero de la PAC. Du coup, bon nombre de patients qui désirent de la qualité, se tournent vers nos amis Ostéos. Peut-être l’avenir de la Kiné, l’ostéo…

    1. Impossible car avec la multiplication des écoles d’ostéo, nous avons assisté à l’Huberisation de cette profession.

    2. Ou bien on est kiné ou bien ostéo et il y a trop d’ostéos,ils ont du mal à survivre.
      Il faut une secteur 2 pour la kiné. En 2013 je prenais, comme tout le monde, 23 euros en région parisienne. Après je suis tombé à 16,13 euro grâce à nos syndicat inutiles qui ont cedé aux lobying des mutuelles.
      Quand je suis partie de Belgique en 2008, les séances étaient là-bas à 15 euro, maintenant c’est 27 euro. Merci aux syndicats français. Vu que la secu ne veut pas payer, il faut que on puisse faire nos tarifs nous même et les mutuelles (richissime) rembourseront.

      1. peut-être faudrait-il lancer un appel d’offres aux mutuelles au niveau national pour financer des actes hors nomenclature ?

        1. Bonjour Adrien, et merci à Thierry pour ses articles toujours aussi pertinents.
          je te rejoins sur ce point; j’exerce en région parisienne; et au fil des formations réalisées avec Kiné Formation, j’ai fini par prendre conscience qu’il fallait savoir s’auto-considérer et valoriser nos compétences.
          Cela fait donc maintenant 2 ans que mes honoraires sont à 30 € ( vous imaginez dont la part de HN que cela représente), je prends un patient / 30-40 min; au départ les patients râlent et ne comprennent pas pourquoi il y a un dépassement ( la majorité n’ayant aucune conscience des honoraires conventionnés lol) , mais ce rendent compte qu’au bout de 3-4 séances ils vont beaucoup mieux et prennent surtout conscience de l’importance de s’investir dans leur santé au quotidien.
          De ce fait, beaucoup , regrettent que les mutuelles ne prennent pas en charge les dépassements “HN” des consultations de kinésithérapie, comme cela peut être le cas pour les consultations médicales.
          En outre, une fois qu’ils ont pris conscience de l’absurdité de notre rémunération, beaucoup seraient prêt à payer plus cher, ou en tout cas la rémunération juste, pour des consultations de qualité.

          1. Tout à fait d accord . Cela fait 20 ans que je travaille avec un «  supplément «  et non un « dépassement «  ( détail important légalement) de 12 euros par séance de 30mn.
            Rarement de problème avec les patients qui apprécient la prise en main personnelle.
            C est 1 choix de leur part .
            Aucune obligation : il y a de la place pour tout les types de rééducation.
            Je suis contre le tier payant mutuelle.
            Je ne gère pas le remboursement de mon travail…
            Aucune comparaison avec les ostéopathes, qui ne font pas le même métier que nous.
            Les kinésithérapeutes ont peur de faire des dépassements…dommage ils sont obligés de faire du volume au détriment peut-être de la qualité ?

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