Article écrit par Thierry Blain, Fondateur et dirigeant de Kiné-Formations.
“C’est frustrant de voir mes patients résister au changement.”
Cette remarque revient souvent dans les discussions entre kinésithérapeutes. On parle de ces patients qui ne suivent pas les exercices prescrits, refusent d’ajuster leur posture ou d’adopter une meilleure hygiène de vie, même face à des explications claires et des encouragements répétés. Mais si l’on inverse les rôles, une question se pose : les kinésithérapeutes, eux-mêmes, ne seraient-ils pas parfois réticents face à de nouvelles approches, comme celle de l’entretien motivationnel ?
Dans cet article, nous allons analyser cette dynamique miroir entre praticiens et patients. Comment se fait-il que les kinésithérapeutes, pourtant habitués à encourager le changement chez autrui, puissent rencontrer des résistances lorsqu’il s’agit de transformer leurs propres pratiques ?
Quand la résistance au changement change de camp
L’entretien motivationnel (EM), une méthode validée par la science, a démontré son efficacité pour surmonter les résistances chez les patients. Pourtant, paradoxalement, cette méthode suscite parfois des réticences chez les praticiens eux-mêmes. Examinons quelques similitudes frappantes entre les mécanismes de résistance observés chez les patients et ceux que peuvent exprimer les kinésithérapeutes.
Le déni du problème
Tout comme un patient peut minimiser l’importance de son trouble (“Ce n’est pas si grave”), un kinésithérapeute peut sous-estimer la valeur de l’entretien motivationnel.
“Mes patients n’ont pas besoin de ça, ils n’ont qu’à suivre mes consignes.”
Cette posture instinctive traduit souvent un refus d’explorer de nouveaux outils susceptibles d’enrichir leur pratique.
La peur de l’effort
“L’EM, c’est pour les psychologues, pas pour moi.”
L’argument du manque de temps
“Je n’ai pas le temps d’apprendre une nouvelle méthode ni de l’appliquer en séance.”
Le besoin de contrôle
Pourquoi les kinésithérapeutes résistent-ils à l’entretien motivationnel ?
Des croyances ancrées sur leur rôle
Un manque de formation initiale
“L’EM, c’est juste un gadget, ce n’est pas vraiment du soin.”
Une zone de confort bien installée
Comment surmonter cette résistance ?
Reconnaître la similitude avec les patients
Le premier pas est d’admettre que, nous aussi, en tant que kinésithérapeutes, sommes parfois confrontés aux mêmes freins que nos patients. Cette prise de conscience peut renforcer l’empathie, tant envers eux qu’envers nous-mêmes. Après tout, si nous demandons à nos patients de changer, ne devrions-nous pas être les premiers à montrer l’exemple ?
Procéder par petites étapes
Les études et les témoignages d’autres praticiens ayant intégré l’EM peuvent aider à lever les doutes. Les résultats cliniques et les données scientifiques offrent des arguments solides pour rassurer les plus sceptiques.