Entretien avec Sarah Lipskier, kinésithérapeute spécialisée en périnatalité, pédiatrie et allaitement maternel
Dans cette interview menée par Benoît Caron, Sarah Lipskier partage sa vision du rôle que peut jouer la kinésithérapie dans l’accompagnement à l’allaitement maternel. Une approche à la fois clinique, préventive et profondément humaine, au cœur de sa formation désormais reconnue par le FIFPL.
Formée au CHU Robert-Debré en néonatologie, Sarah Lipskier s’est rapidement consacrée à la périnatalité et à la pédiatrie. Aujourd’hui installée près de Toulouse, elle accompagne exclusivement les femmes enceintes, les jeunes mères et les bébés.
Pour elle, les kinésithérapeutes occupent une place clé dans la période post-natale : ils voient régulièrement les mères pour la rééducation du périnée, les cicatrices ou les troubles posturaux — autant d’occasions d’aborder l’allaitement de façon globale.
« Nous sommes en première ligne. Notre regard biomécanique et notre connaissance fine de la physiologie nous permettent d’aider la mère et le bébé à retrouver un équilibre fonctionnel et émotionnel. »
Une séance débute toujours par une anamnèse approfondie, puis l’observation de la tétée, la succion-déglutition-respiration, la posture et les réflexes d’allaitement (selon la théorie du Biological Nurturing de Suzanne Colson).
S’ensuivent des bilans neuromoteurs et orofaciaux, l’évaluation du frein de langue, et une approche manuelle douce sur les structures pouvant perturber la succion.
L’objectif est double :
Soulager les inconforts (tensions, douleurs, troubles de succion) ;
Accompagner la dyade mère-enfant dans un climat de confiance et d’écoute.
Au-delà de la technique, Sarah Lipskier insiste sur la portée émotionnelle de l’allaitement.
Il ne s’agit pas uniquement d’un acte nutritif, mais souvent d’une affirmation de soi en tant que mère. Certaines femmes ont besoin d’être rassurées sur leur capacité à nourrir leur bébé, d’autres doivent être accompagnées dans un sevrage choisi sans culpabilité.
Inspirée par la relation d’aide de Carl Rogers, Sarah développe une posture fondée sur l’écoute active, la reformulation et la présence empathique. Le kinésithérapeute devient alors un facilitateur, non un prescripteur.
Sa formation, unique en France, s’adresse à tous les kinésithérapeutes diplômés, sans prérequis pédiatrique.
Sur trois jours (21 heures), elle allie savoirs théoriques (anatomie, physiologie, évaluation, diagnostic différentiel) et mise en pratique clinique (observation de tétées, bilans, relation d’aide).
Un module complet est dédié à la mise en place concrète de consultations d’allaitement et d’ateliers de prévention.
« Former les kinésithérapeutes à l’allaitement, c’est leur permettre d’être des relais de santé publique. Mon rêve est que chaque mère puisse parler de son allaitement à son kiné. »
L’allaitement maternel ne relève pas uniquement de la lactation : il engage la posture, la respiration, la motricité et l’émotionnel.
En intégrant ces dimensions, le kinésithérapeute devient un acteur clé du bien-être materno-infantile.
La formation de Sarah Lipskier ouvre la voie à une kinésithérapie du lien, où l’écoute et la présence comptent autant que la technique.
Article écrit par Sarah LIPSKIER, Masseur-kinésithérapeute spécialisée en pédiatrie, périnatalité et périnéologie L’allaitement maternel est une étape fondamentale dans la vie d’une mère et de son enfant. Pourtant, cette période peut être jalonnée de difficultés, qu’elles soient d’ordre physique, physiologique ou émotionnel. La kinésithérapie offre des solutions efficaces pour surmonter ces défis et favoriser
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