Retour et analyse de Thierry Blain sur la Conférence du Dr Hélène Langevin (Université de Californie)
Le Dr Hélène Langevin (Université de Californie) explique l’importance du tissu conjonctif dans le corps et son lien avec le système immunitaire. Elle parle des découvertes récentes sur les effets de l’étirement sur l’inflammation et la fibrose, et de la pertinence de ces découvertes pour la douleur chronique et le cancer. Langevin est la directrice du Centre Osher pour la Médecine Intégrative à la Harvard Medical School et au Brigham and Women’s Hospital.
La conférence principale est donnée par le Dr. Ellen Langevin, qui a été nommée directrice du Osher Center for Integrative Medicine à la Harvard Medical School et au Brigham and Women’s Hospital en 2012. Elle est reconnue pour ses recherches sur les mécanismes cellulaires et moléculaires impliqués dans l’acupuncture, et est décrite comme une célébrité dans le domaine de l’acupuncture. Ses recherches se concentrent sur le rôle du tissu conjonctif dans la douleur chronique et les mécanismes de l’acupuncture, ainsi que sur les thérapies manuelles et basées sur le mouvement.
Elle explore l’idée que des activités telles que le yoga, l’acupuncture et les thérapies manuelles ont en commun l’étirement des tissus, en particulier le tissu conjonctif, et suggère que cet étirement peut avoir des effets bénéfiques non seulement sur notre bien-être, mais aussi sur notre santé. Elle souligne l’importance du tissu conjonctif dans le corps, en tant que réseau qui relie tout, et discute de son rôle dans le système musculo-squelettique et le système immunitaire. Le Dr. Langevin aborde également la question de la douleur musculo-squelettique, en particulier la douleur lombaire, et la relation potentielle avec le fascia thoraco-lombaire, une structure de tissu conjonctif dans le dos.
le Dr. Langevin approfondit les résultats de ses recherches sur le tissu conjonctif, en particulier le fascia thoraco-lombaire, et son lien avec la douleur lombaire. Elle explique que les personnes souffrant de douleur lombaire présentent un fascia thoraco-lombaire plus épais et plus échogène, ce qui pourrait être dû à une inflammation ou à une blessure ancienne qui n’a pas correctement guéri, entraînant une réduction de la mobilité des différentes couches du fascia.
Elle présente des vidéos d’ultrasons montrant la différence de mouvement des couches du fascia entre une personne saine et une personne souffrant de douleur lombaire. Chez la personne saine, les couches glissent les unes sur les autres, tandis que chez la personne souffrante, le mouvement est restreint, suggérant une corrélation entre la réduction de la mobilité du fascia et la douleur lombaire.
Elle aborde ensuite le processus de guérison des blessures, soulignant l’importance de l’inflammation dans la réparation des tissus, mais aussi comment une inflammation chronique peut conduire à la fibrose, une prolifération du tissu cicatriciel qui peut entraîner une raideur et une restriction de mouvement supplémentaires. Cette fibrose peut contribuer à la douleur chronique et à la peur du mouvement, exacerbant le problème.
Le Dr. Langevin élargit la discussion au rôle du tissu conjonctif dans le cancer, expliquant comment les tumeurs interagissent avec le stroma, le tissu conjonctif qui entoure et soutient les tumeurs. Elle décrit comment une inflammation chronique et la fibrose peuvent non seulement favoriser la croissance tumorale mais aussi être exacerbées par celle-ci, créant un cycle vicieux où la rigidité tissulaire augmente et favorise davantage la progression du cancer.
Elle conclut cette partie en soulignant l’importance de la relation entre les forces mécaniques, la déformation des tissus, l’inflammation et la fibrose, et comment les traitements tels que le massage, l’acupuncture et l’exercice peuvent influencer la santé du tissu conjonctif en modifiant sa rigidité et en réduisant potentiellement l’inflammation et la fibrose.
le Dr. Langevin explore plus en détail les mécanismes biologiques impliqués dans l’inflammation et la guérison des tissus, ainsi que l’impact de l’étirement sur ces processus. Elle présente deux modèles expérimentaux utilisés dans ses recherches sur des animaux : un modèle d’inflammation aiguë auto-limitée et un modèle d’inflammation chronique induite par l’injection de carraghénane, un composant souvent présent dans les aliments transformés.
Elle explique comment, dans le modèle d’inflammation aiguë, une petite lésion est créée dans le tissu conjonctif, simulant une blessure mineure, et comment le processus de guérison est suivi, mettant en évidence les différentes phases de l’inflammation et la résolution de celle-ci. Elle souligne l’importance des macrophages M1 et M2 dans ce processus, les premiers étant impliqués dans la phase initiale de l’inflammation et les seconds dans la phase de résolution et de nettoyage.
Dans le modèle d’inflammation chronique, le Dr. Langevin montre comment l’injection de carraghénane entraîne une inflammation persistante, simulant une inflammation chronique chez l’homme. Elle décrit comment cette inflammation continue peut échouer à se résoudre, conduisant à une inflammation chronique.
Le Dr. Langevin présente ensuite des expériences démontrant l’effet bénéfique de l’étirement quotidien sur la guérison des tissus dans le modèle d’inflammation aiguë. Elle montre que les animaux soumis à un étirement quotidien présentent une réduction significative de la formation de tissu cicatriciel (fibrose) par rapport aux animaux non étirés. Elle suggère que l’étirement pourrait également être bénéfique dans le traitement de maladies caractérisées par une fibrose excessive, comme la sclérodermie, en montrant des résultats préliminaires d’une étude sur un modèle animal de cette maladie.
Enfin, le Dr. Langevin explore l’impact de l’étirement sur l’inflammation aiguë induite par le carraghénane, révélant que l’étirement réduit non seulement la taille de la lésion inflammatoire mais aussi le nombre total de cellules inflammatoires, y compris les neutrophiles, qui sont les premiers intervenants dans la réponse inflammatoire. Elle discute également du rôle des médiateurs pro-résolutifs, des molécules dérivées des acides gras oméga-3, dans la promotion de la résolution de l’inflammation et comment un déséquilibre en faveur des médiateurs pro-inflammatoires peut conduire à une résolution échouée de l’inflammation.
Dans la dernière partie de la conférence, le Dr. Langevin discute des mécanismes potentiels par lesquels l’étirement pourrait influencer la résolution de l’inflammation et potentiellement réduire la croissance des tumeurs. Elle présente des recherches montrant que l’administration d’un médiateur pro-résolutif, simulant l’effet de l’étirement, peut réduire la taille des lésions inflammatoires et la croissance tumorale chez les modèles animaux.
Elle explore également l’hypothèse selon laquelle le tissu conjonctif lui-même pourrait produire des médiateurs pro-résolutifs en réponse à l’étirement. Des expériences in vitro montrent que l’étirement du tissu conjonctif peut augmenter la production de ces médiateurs et réduire la migration des neutrophiles, suggérant un mécanisme par lequel l’étirement pourrait favoriser la résolution de l’inflammation.
En ce qui concerne le cancer, le Dr. Langevin partage des résultats préliminaires d’une étude où l’étirement a été appliqué à des modèles animaux avec des tumeurs. Bien que les résultats soient encore à confirmer, ils suggèrent que l’étirement pourrait réduire la taille des tumeurs et augmenter la concentration de médiateurs pro-résolutifs dans les tumeurs, indiquant un potentiel effet bénéfique de l’étirement sur la croissance tumorale.
Le Dr. Langevin conclut en soulignant l’importance de comprendre les liens entre le système musculo-squelettique, le système immunitaire et la santé globale, et comment l’intégration de ces connaissances pourrait ouvrir de nouvelles voies pour la médecine intégrative.