Le webinaire « Les 1000 premiers jours : rôle du kinésithérapeute », diffusé le 25 novembre 2025 de 20h à 21h et animé par Elsa Holfert et Thierry Blain, est désormais disponible en replay vidéo et en podcast sur cette page.
Vous pouvez ainsi (re)voir ou écouter, à votre rythme, cette soirée consacrée au rôle du kinésithérapeute auprès des parents et des jeunes enfants, de la conception aux 2 ans.
Le replay est accessible directement en vidéo ci-dessous, et la version audio (podcast) vous permet de réécouter le contenu en mobilité (voiture, transports, entre deux patients).
La période dite des 1000 jours – de la conception aux 2 ans – est désormais considérée comme une fenêtre clé pour la santé future de l’enfant : maturation du système immunitaire, organisation du microbiote digestif, développement neuro-psychologique, régulation métabolique, etc.
Pour les masseurs-kinésithérapeutes, cette période est un moment privilégié pour :
Accompagner les parents dans leurs questions sur le sommeil, les pleurs, la motricité, l’alimentation.
Repérer précocement certains signaux d’alerte (motricité, troubles fonctionnels, inconfort digestif…).
Donner des repères de santé simples, basés sur les données scientifiques actuelles, sans se substituer aux autres professionnels de la périnatalité.
Ce webinaire propose un cadrage clair sur :
Ce que recouvrent précisément les 1000 jours (et l’intérêt de parfois raisonner plutôt en 2000 jours).
Les principaux systèmes concernés : immunité, digestion, développement neuro-psychologique.
La place légitime du kinésithérapeute dans cet écosystème (conseils, prévention, suivi fonctionnel).
Le replay reprend la trame du webinaire en plusieurs temps :
Les 1000 jours : définir le cadre
Repères chronologiques : pré-conception, grossesse, naissance, 0–6 mois, 6–24 mois.
Pourquoi certains auteurs élargissent à 2000 jours pour intégrer les premières années de socialisation et d’exposition alimentaire plus large.
Immunité, microbiote, digestion
Place de l’allaitement maternel, mais aussi des autres déterminants (mode de naissance, environnement, alimentation de la famille…).
Questions autour des bébés non allaités : comment raisonner en termes de besoins et non de produits, quelles pistes de complémentation individualisée.
Développement moteur et neuro-psychologique
Étapes motrices à ne pas manquer et importance de la progressivité (éviter les mises en place précoces inadaptées, le suréquipement en matériel de puériculture, etc.).
Nutrition des tout-petits : lait, protéines, sucres…
Volume de lait recommandé et limites d’une approche uniquement quantitative.
Rappel des recommandations actuelles sur les apports protéiques, leurs liens avec le rebond d’adiposité et le risque d’obésité.
Questions–réponses avec les participants
Une large place est laissée aux questions envoyées avant le webinaire et en direct.
Parmi les questions qui ont structuré la partie interactive, on retrouve notamment :
« Quel est le rôle du kiné après la naissance d’un enfant ? »
→ Clarification de la place du kinésithérapeute en termes d’éducation, de prévention des troubles fonctionnels, d’accompagnement moteur et de soutien aux parents.
« Comment introduire le sucre face à la pression sociale ? »
→ Discussion sur la notion d’environnement sucré, l’exposition précoce aux produits ultra-transformés, le poids du contexte social (anniversaires, cadeaux, crèches…) et les stratégies pour limiter progressivement l’offre, sans culpabiliser les familles.
« Quelle quantité de lait et de produits laitiers jusqu’à 3 ans ? »
→ Mise en perspective des recommandations chiffrées avec la réalité clinique (APLV, diversifications particulières) et la nécessité de raisonner en termes d’apports nutritionnels globaux, pas uniquement de volume de lait.
« Allaitement, immunité, digestion : quelles différences entre bébé allaité et non allaité ? »
→ Rappel des spécificités du lait maternel (adaptation fine à l’âge, à l’état de santé, au moment de la journée) et des marges de manœuvre quand l’allaitement n’est pas possible ou pas souhaité.
« Quelles étapes motrices surveiller en priorité ? »
→ Valorisation du rôle du kiné pour accompagner les postures de l’enfant, l’utilisation du matériel, la prévention des inconforts et des “blocages” liés à des restrictions tissulaires.
« Comment aider le microbiote d’un bébé né par césarienne ? »
→ Discussion autour des probiotiques, des laits enrichis, et des recherches récentes sur le réensemencement vaginal (vaginal seeding), avec un rappel clair des limites et précautions (voir ci-dessous).
Une question a particulièrement retenu l’attention : lien entre sucre, ultra-transformés et troubles de l’attention / hyperactivité.
Ferreira RC, Marin AH, Vitolo MR, Campagnolo PDB. Early ultra-processed foods consumption and hyperactivity/inattention in adolescence. Rev Saude Publica. 2024 Oct 18;58:46. doi: 10.11606/s1518-8787.2024058005636. Erratum in: Rev Saude Publica. 2025 Jan 17;58:46err. doi: 10.11606/s1518-8787.2024058005636err. PMID: 39442121; PMCID: PMC11548911.
Les intervenants se sont appuyés notamment sur une étude longitudinale brésilienne qui a suivi des enfants de 12–16 mois jusqu’à l’adolescence. Cette étude montre qu’une consommation importante d’aliments ultra-transformés (en grammes, kilocalories et % de l’apport énergétique) à 3–4 ans est associée à davantage de symptômes d’hyperactivité/inattention à 12–13 ans.
Points clés à retenir pour la pratique :
Il s’agit d’associations statistiques, pas d’une preuve de causalité directe.
L’exposition précoce à des produits très sucrés, riches en additifs, semble néanmoins augmenter le risque de troubles de l’attention, parmi d’autres facteurs (socio-économiques, environnementaux, familiaux…).
Le kinésithérapeute peut jouer un rôle d’éducateur à la santé en :
aidant les familles à repérer les produits ultra-transformés,
encourageant une alimentation simple, peu transformée,
expliquant que “goûter le sucre” n’est pas un besoin de santé, même si la pression sociale est forte.
Une autre question fréquente concerne les apports protéiques chez le jeune enfant (« Quelle quantité de protéines à chaque âge ? »).
Des travaux de Rolland-Cachera et coll. montrent qu’un apport protéique élevé dans la petite enfance est associé à : OCL Journal+1
une adiposité plus élevée vers 8 ans,
un rebond d’adiposité plus précoce, facteur de risque d’obésité ultérieure.
En pratique :
Les recommandations officielles en protéines sont globalement cohérentes avec les besoins réels.
Il est souvent inutile, voire contre-productif, de surenchérir sur les protéines (laits très enrichis, compléments protéinés “par sécurité”…) chez l’enfant en bonne santé.
Jusqu’à la pré-adolescence, il est plutôt souhaitable de limiter les excès et de privilégier une alimentation variée, avec des protéines adaptées au poids et à l’activité de l’enfant.
lien entre excès de protéines et obésité
Pour les bébés nés par césarienne, plusieurs participants ont interrogé la possibilité de “réensemencer” le microbiote (vaginal seeding).
Des études récentes suggèrent que :
La naissance par césarienne est associée à des différences de composition et de trajectoire du microbiote intestinal par rapport à la naissance par voie basse.
Le « vaginal seeding » (application de flore vaginale maternelle sur le nouveau-né) peut partiellement rapprocher le microbiote de celui des bébés nés par voie basse.
Toutefois, l’efficacité réelle et la sécurité de cette pratique ne sont pas encore suffisamment établies pour recommander une diffusion large en clinique courante.
Message clé transmis aux kinés :
Rester informé des recherches sur le microbiote et les conséquences de la césarienne.
Rappeler que le microbiote se construit aussi par la diversification alimentaire, l’environnement global, le contact peau à peau, le lait maternel ou les alternatives choisies.
Ne pas prescrire ni promouvoir des pratiques encore expérimentales, mais soutenir les parents avec des conseils validés et nuancés.
Etudes sur le réensemencement post césarienne
Ce contenu sera particulièrement utile pour :
Les masseurs-kinésithérapeutes (libéraux, salariés, hospitaliers) impliqués en pédiatrie, périnatalité, périnéologie, viscéral, ou simplement intéressés par la prévention précoce.
Les étudiant(e)s MK qui souhaitent structurer leurs connaissances sur la période des 1000 jours.
Les autres professionnels de la périnatalité (sages-femmes, diététicien(ne)s, médecins…) désireux de mieux comprendre la contribution possible du kinésithérapeute.
Quelques pistes d’utilisation concrète :
Regarder le replay une première fois pour saisir le fil directeur (cadrage des 1000 jours, systèmes concernés, nutrition, questions).
Réécouter ensuite en podcast pour revenir sur certains passages clés (nutrition, microbiote, rôle du kiné) en voiture ou entre deux rendez-vous.
Prendre des notes “actionnables” :
2 ou 3 messages simples sur le sucre et les ultra-transformés à transmettre aux familles ;
un schéma des étapes motrices à afficher en cabinet ;
quelques repères sur les volumes de lait et les apports protéiques.
Intégrer ces messages dans votre pratique quotidienne, sous forme de mini-éducation thérapeutique au fil des séances.
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