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PNL ET THERAPIES COMPORTEMENTALES : NOUVELLES APPLICATIONS POUR LES KINESITHERAPEUTES

Article écrit par Ludovic HAREL masseur-kinésithérapeute et ostéopathe.

 

Programmation Neurolinguistique

 

Depuis sa création en 1970 par John GRINDER et Richard BANDLER, la PNL a beaucoup fait parler d’elle. Elle a fait l’objet de nombreuses études qui ont invalidé certaines de ses applications, mais a surtout permis d’approfondir notre compréhension du système cognitif et de son implication dans notre représentation du monde et nos interactions sociales.

Programmation Neurolinguistique

Elle a ainsi permis de modéliser et de fournir une première grille d’analyse sur les comportements humains, la transmission de l’information et les apprentissages.

Depuis, de nombreuses disciplines se sont développées à partir de ce domaine de recherche et, à mesure que nos connaissances en matière de fonctionnement du cerveau humain se sont étoffées, les applications se sont diversifiées et ont progressivement envahi notre quotidien dans différents secteurs d’activités, comme par exemple : les entretiens d’embauche et les ressources humaines, la politique, la communication publicitaire et l’étude des comportements d’achat,  le « traitement de sources humaines » dans le renseignement, l’interrogatoire de police et la négociation, et plus particulièrement dans le secteur du bien-être et les thérapies brèves( EMDR, Hypnose, Techniques d’Optimisation du Potentiel etc….)

Aujourd’hui, la PNL a cédé la place à de nouvelles méthodes basées sur des études plus représentatives en matière d’échantillonnage et donc plus pertinentes à grande échelle, et la compréhension plus fine du fonctionnement de notre système cognitif apporte de nouvelles applications dans le domaine de la santé. Elle nous fournit également des éléments de compréhension sur l’impact réel des thérapies manuelles à travers le prisme de la relation soignant-soigné.

 

« Vous soignez autant par ce que vous êtes, que ce que vous faites »

 

Nous disposons désormais d’un grand nombre d’études et surtout de méta-analyses dans le domaine des thérapies manuelles, et bien qu’il existe une très grande variété de techniques et deVous soignez autant par ce que vous êtes, que ce que vous faites méthodes plus ou moins invasives, aucune ne parvient à se démarquer de manière significative dans le cadre de la prise en charge des troubles musculosquelettiques. Certaines études s’appuyant sur des protocoles stricts reproduisant les mêmes techniques sur de grands échantillons de patients présentant les mêmes symptômes, tendent même à prouver que les traitements manuels n’empêchent pas plus les récidives et le passage vers la chronicité, que quelques conseils d’hygiène de base. Et pourtant, l’effet de l’ostéopathie et de la kinésithérapie à court et moyen terme n’est plus à prouver et nous le constatons quotidiennement dans nos cabinets, ne serait-ce qu’en matière de réduction de la consommation de médicaments par exemple. Alors comment expliquer ces contradictions entre les études et le terrain ?

La principale raison, qui nous semble évidente, mais qui n’est documentée que depuis peu, est la relation soignant-soigné et au-delà de ça, le comportement et le traitement que le praticien choisit d’adopter en fonction de son patient. Et c’est ici que les thérapies comportementales et la kinésithérapie se rencontrent pour former un tout, pertinent et opérationnel. Même si, aujourd’hui, la profession opère davantage par bon sens et instinct dans ce domaine. C’est surtout l’expérience qui nous amène à affiner notre choix de techniques et de protocoles en fonctions du type de patient, mais nous sommes incapables d’expliquer concrètement pourquoi tel traitement manuel a été efficace chez tel patient et pas chez tel autre. Finalement, beaucoup de thérapeutes manuels voient leur efficacité augmenter avec le temps car le « bouche à oreille » tend à amener dans leur cabinet le même « profil » de patients. Ainsi nous n’observons pas du tout la même typologie de patientèle chez un kiné structurel ou chez un kiné fasciathérapeute, mais les deux auront approximativement le même ratio de « réussite » et de satisfaction sur leur patientèle.

 

La thérapie manuelle cognitive

 

Si certains thérapeutes font intelligemment le choix d’exercer exclusivement autour d’une technique de soin qu’ils maitrisent, notre métier repose avant tout sur notre capacité à utiliser notre « boîte à outils » en fonction de l’âge et des symptômes de notre patient. Mais aujourd’hui, certaines approches, comme la thérapie manuelle cognitive tendent à y associer un nouveau critère de sélection : le profil cognitif du patient.un profil « PROMOTEUR »

Vous savez surement, pour l’avoir vécu, que certains patients sont plus réceptifs que d’autres aux protocoles de rééducation que vous mettez en place dans vos cabinets. Ainsi vous avez probablement remarqué que vos patients sportifs récupèrent souvent « mieux » et plus rapidement de traumatismes légers tels que les entorses car ils sont fréquemment plus « investis » dans leur traitement. Mais savez-vous qu’un patient présentant un profil « PROMOTEUR » se surpassera bien plus si vous le faites travailler sur un plateau technique, avec d’autres patients, par son goût pour le défi et l’exhibition alors qu’un patient présentant un profil « REVEUR », sera complètement inhibé et déconcentré dans leun profil « REVEUR » même environnement, car trop riche en stimulations et le détournant de sa tâche principale !

Savez-vous qu’un patient au profil « EMPATHIQUE » sera d’avantage convaincu par votre traitement, et par définition : sera plus soulagé, si vous passez plus du temps avec les mains sur lui comme le propose la fasciathérapie, alors qu’un patient présentant un profil « ANALYTIQUE » sera bien plus convaincu par une procédure « mécanique » associant une anamnèse bien menée, une ou deux techniques avec un fort référent objectif ( craquement par exemple) et une posture de soignant synthétique et objective. Inversez ces deux traitements et appliquez-les au mauvais patient et vous serait accablés du résultat.

profil « PERSEVERANT »Bon nombre de patients au profil « PERSEVERANT » n’ont pas été convaincu par leur traitement et sont partis avant la fin des soins car ils n’avaient pas confiance en leur soignant, juste parce qu’ ils ont besoin qu’on leur montre « l’exemple » pour  être convaincu, que ce soit en réalisant l’exercice devant eux, ou en affichant un diplôme attestant de notre compétence dans ce domaine, ou encore un poster de l’équipe de sport ou du sportif de haut niveau que nous suivons parallèlement, s’il s’agit d’un sportif.

Il sera fort utile de savoir détecter les patients qui, par névrose (anxieuse, histrionique, narcissique etc…) ou par simple « jeux de dupe », choisissent de tisser une relation de dépendance toxique avec vous en mentant sur leurs symptômes et leur amélioration, ou sur le motif qui les a fait récidiver, voire sur leur besoin de prolonger un arrêt de travail en vous faisant tourner en bourrique.

profil « REBELLE »Autre exemple, en matière de conseils, un patient au profil « REBELLE » à qui vous donnez des préconisations sur la manière de se baisser pour éviter le lumbago (selon des études prouvant que cela diminue de 80% le risque de récidives par exemple), ne l’appliquera probablement pas car il verra dans ces chiffres, par son aspiration anticonformiste, que cette méthode est inefficace dans 20 % des cas ce qui prouve, pour lui, qu’elle n’est pas fiable. Alors que le même conseil prodigué à un patient au profil « ANALYTIQUE » suffira par la force du ratio80/20 à obtenir son adhésion pleine et pérenne, à tel point qu’il transmettra même ce message à d’autres autour de lui…

Un patient au profil linguistique « CHANGEMENT » sera bien mieux soulagé par la « dernière technique » innovante que vous avez apprise en formation, alors que les patients au profil linguistique « TRADITION » exigeront que vous leur fassiez exactement la même chose que la dernière fois qu’ils sont venus vous voir ou que le précédent thérapeute qu’ils ont consulté, car « ça avait bien marché et qu’il n’y a pas de raisons que ça change ! » pour eux.

 

Profil n’est pas Personnalité !

 

Attention, le fait d’identifier un profil comportemental dans le contexte de la consultation ne signifie pas que vous allez connaitre la personnalité de vos patients. La personnalité est, à l’instar de notre ADN, unique pour chacun de nous, complexe et évolutive en fonction de nos expériences de vie et de multiples facteurs qui justifient que seul un psychiatre ou un psychologue soit en mesure de s’en approcher. En revanche, les comportements sont des attitudes et des modes d’interactions stéréotypés que nous adoptons dans des contextes particuliers et qui peuvent différer d’un contexte à l’autre. Vous n’adoptez pas le même comportement avec votre femme, vos amis, votre belle-mère, ou vos patients, mais une fois identifié, celui-là permet de sélectionner le mode de communication et le type de stimulations auxquels votre cerveau sera plus réceptif. Et c’est primordial car ça nous permet de viser un rendement optimal pour chacun de nos patients, en appliquant le précepte : 1 Patient = 1Traitement, ce qui rend notre métier si passionnant et diversifié.

CEPCoT©

Une méthode propose de fournir les éléments essentiels à cette forme de prise en charge modernisée, il s’agit du modèle CEPCoT, acronyme de Contexte/ Ecoute/ Profil/ Communication/ Traitement.

Le principe est d’intégrer les dernières avancées en matière de science cognitive à notre prise en charge habituelle :

Contexte : en intégrant dans notre cadre de consultation (rdv, salle d’attente, tenues etc..) les facteurs contextuels qui vont influencer inconsciemment notre patient dans le sens de son propre intérêt. On parle de « Nudge » ou « coup de pouce » en français.

Ecoute : en adoptant la posture de praticien la plus congruente possible avec les besoins de notre patient tout en nous préservant de certains comportements manipulateurs ou toxiques. Tout ça en intégrantsimplement quelques questions supplémentaires lors de notre anamnèse et en observant notre patient de manière plus « spécialisée ».

Profil : savoir identifier le profil cognitif adopté par notre patient dans le contexte du soin pour adapter notre prise en charge et notre suivi en amont.

Communication : identifier le langage d’influence le plus adapté à notre patient pour s’assurer sa pleine adhésion dans sa prise en charge.

Traitement : Sélectionner la technique de thérapie manuelle adaptée au profil du patient, à ses symptômes et son âge, et déterminer le protocole de rééducation le plus pertinent par rapport à ses facteurs de motivation et ses critères.

 

En pratique, ça donne quoi ?

 

Prenons 2 patients lombalgiques ayant le même âge et des modes de viessimilaires (sur le plan professionnel et sportif), l’un se présentant comme plutôt « EMPATHIQUE» et ayant présenté son besoin comme la volonté de « ne plus avoir mal au dos », et l’autre plutôt « ANALYTIQUE » ayant manifesté une volonté de « reprendre au plus tôt » la course à pied.

Chez le patient au profil  empathique Chez le patient au profil « empathique », on choisira une prise en charge manuelle subjective (accès sur le ressenti)et englobante, 2 à 3 foispar semaine, en s’orientant plutôt sur des techniques de fasciathérapie ou fonctionnelles et de massothérapies ainsi que sur des exercices à fort impact proprioceptif car,ces patients ont des aptitudes kinesthésiques plus développées que la moyenne. Et onessaiera de prolonger les séances avec des soins de bien-être en balnéothérapie par exemple, ou des soins de physiothérapie lui apportant du confort. Pour sa rééducation, on essaiera plutôt de l’isoler car son côté altruiste aura tendance à le déconcentrer en groupe pour,s’intéresser aux autres.De surcroît, dans certains cas, leur tendance « anxieuse » pourra les affecter, en voyant les problèmes des autres patients. Pour son suivi et les conseils, on utilisera un discours orienté sur la lutte contre ses douleurs lombaires en choisissant un langage dit « éloigneur », de type : éviter les récidives, limiter les douleurs, faire disparaitre l’inconfort, empêcher le retour des douleurs etc…

Chez le patient au profil « Analytique »Chez le patient au profil « Analytique », on choisira une prise charge avec des référents objectifs validés par le patient. Un test de mobilité avant et après la séance, et/ou une technique structurelle avec un craquement, s’il en fait la demande, auront un fort impact sur lui et agiront comme une « preuve d’efficacité ». Chez ce patient la prise en charge manuelle ne devra pas s’étaler dans le temps sous peine de lui donner l’impression que vous « n’arrivez pas à le décoincer suffisamment »et que la rééducation tourne en rond. Et elle devra reposer sur des critères pertinents comme les principes neuroéducatifs, qui nous enseignent que l’assimilation d’un automatisme nécessite des stimulations progressivement espacées dans le temps, justifiant d’étaler les séances du patient en respectant ces principes (1 rdv à 1 semaine, puis 1 à 2 semaines, puis au bout d’un mois, de 2 mois et de 6 mois par exemple) pour s’assurer de l’assimilation des conseils prodigués. Ce patient sera tout à fait capable d’appliquer un protocole de renforcement ou d’étirements à domicile et le respectera à la lettre si vous employez un discours plutôt « ciblé » :  autour d’objectifs, atteindre un but, reprendre l’activité sportive à telle date, en fixant des échéances précises. Il sera en recherche d’autonomisation et sera demandeur de règles à respecter.

 

Voilà un exemple volontairement caricatural de la différence catégorique de prise en charge de deux patients présentant, à priori, le même tableau clinique selon la méthode de thérapie manuelle cognitive CEPCoT©.

Le podcast :

la vidéo de présentation CEPCoT :

 


Ludovic HAREL, formateur kiné-formations

Ludovic HAREL est masseur-kinésithérapeute et ostéopathe depuis 20 ans.

 

Réserviste opérationnel depuis plus de 8 ans dans le secteur de la sûreté, il s’est formé parallèlement au métier de détective privé avant d’obtenir de nombreuses certifications dans le domaine du profilage et de l’analyse comportementale (détection de la malveillance, PNL, Process COM, Lab Profil, détection du mensonge, négociation entres autres).

Il est formateur depuis 2021 chez Kiné-Formations et consultant dans le domaine des sciences-cognitives appliquées aux relations patient-praticien.

 

Les autres parutions de Ludovic :

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