Par Elsa Jouenne
Quel thérapeute n’a jamais été confronté.e à cette question : que faire pour avoir à nouveau un ventre plat ?
Pour nos patients qui arrivent avec la fameuse prescription « renforcement des abdominaux pour lombalgie », à qui on a dit que le kiné leur ferait faire des abdos.
Pour nos patientes en post-partum qui attendent de nous la solution en 2×30 minutes par semaine pour retrouver leur silhouette de jeune fille… Que faire ?
Comme souvent il n’y a pas de solution universelle, il convient avant tout de trouver la ou les problèmes sous-jacents. De quoi est fait ce « gros » ventre ?
1 : Ventre gonflé, rempli d’air.
La personne décrira un ventre dont le volume varie, souvent moins gonflé le matin, il pourra évoluer après les repas, parfois à l’instant ou on commence à manger. Ces gaz accumulés dans l’abdomen peuvent provoquer des éructations ou des gaz qui soulagent temporairement le patient. Souvent, ces personnes ont des douleurs dues à la distension des tissus abdominaux.
Certains aliments précisément peuvent être incriminés : le gluten, le lait, le sucre, les légumes, fibres, crudités. Dans d’autres cas, ce sont les circonstances des repas qui empirent le problème : les repas pris trop rapidement, le stress.
Ecoutez votre patient : il est détenteur de nombreuses informations pertinentes. L’éviction de l’aliment responsable est tentante et peut parfois être nécessaire, mais rarement suffisante. C’est l’écosystème digestif qui est ici responsable : l’organisme a besoin d’un équilibre savant aussi bien au niveau du microbiote intestinal, des muqueuses digestives, du système nerveux entérique et des cellules immunitaires très nombreuses dans l’intestin. Une prise en charge de tous ces éléments peut s’avérer nécessaire.
De plus, le déséquilibre de l’écosystème peut être le résultat visible, le sommet de l’icebe
rg d’une dysfonction plus globale telle que l’hypothyroïdie ou la fatigue surrénalienne. La dysbiose provoque également des troubles de l’absorption ou de la détoxication de certains composés comme les hormones, c’est donc un peu le serpent qui s e mord la queue.
En plus de nos techniques manuelles viscérales, on pourra conseiller à la personne :
- De manger dans le calme, à heure régulières, en mastiquant à fond chaque bouchée.
- De faire 5 minutes de cohérence cardiaque avant chaque repas.
- De commencer le repas par des crudités assaisonnées de vinaigre de cidre non pasteurisé.
- De boire de l’eau ou des tisanes carminatives (gingembre, menthe, fenouil, anis, cardamome) en dehors des repas.
- De consommer des aliments fermentés naturellement riches en probiotiques comme le kefir, des fibres, des légumes verts, de l’ail (cela ne convient pas à tout le monde, c’est un indice supplémentaire dans l’enquête que l’on se doit de mener)
- De s’assurer de consommer assez d’acides aminés et d’acides gras (protéines animales et végétales, huiles crues, graisses animales de qualité qui apporteront zinc, glutamine, vitamine A, oméga 3)
- De se complémenter quotidiennement en vitamine D à hauteur de 60UI par kilo de poids corporel.
Tous ces conseils ne conviendront pas à tout le monde, mais sont sans risque. S’ils ne suffisent pas : consulter un praticien en micronutrition.
Formations en lien :
- Formation Kiné Viscérale de Thierry Blain
- Formation Massage Viscéral Chinois d’Annaïck Montfort
- Formation Nutrition Santé pour Kiné de Martial Quin
- Formation en ligne SIBO, ventre hyper ballonné de Guénaëlle Abéguilé
- Formation en ligne sur la Candidose par Guénaëlle Abéguilé
- Formation en Ligne sur les graisses dans l’alimentation (que j’anime)
2 – Sangle abdominale relâchée
C’est le cas typique de la jeune maman qui ne reconnaît plus sa silhouette après la grossesse. Cela pourra aussi concerner un patient sédentaire qui passe beaucoup d’heures assis, même s’il
n’est pas en surpoids.
Dans ce cas, ce sont les organes intra-abdominaux qui forment la convexité au niveau du ventre. N’étant plus soutenus par la ceinture musculaire, ils obéissent tout simplement à la loi gravitationnelle !
La meilleure solution pour ces patients est de travailler régulièrement le muscle transverse. Le plus profond des muscles abdominaux, invisible et méconnu, a ses fibres horizontalement à travers l’abdomen. Elles se contractent donc plutôt en plaquant le contenu abdominal vers la colonne, en gainant et étirant le buste.
Tout le contraire des célèbres grands droits, qui dessinent certes les « tablettes de chocolat », mais en fléchissant le buste, en exposant la colonne et les disques, en poussant sur le périnée, et qui accessoirement sont si peu profonds que les développer aura tendance à donner une silhouette « gonflée » au niveau du ventre. Exit donc les crunch et autres relevés du buste : on choisira des exercices très différents, basés sur l’utilisation de la respiration, de l’autograndissement et la coordination périnée-transverse-multifides qui donne un véritable « bustier » musculaire, à l’effet hyper gainant !
En plus de retrouver un ventre plat, les patients verront leur posture s’améliorer, leur force augmenter, leur dos sera mieux protégé et leur plancher pelvien sera renforcé. Le travail de la respiration, en exerçant un massage des organes internes, va aussi améliorer le transit et la digestion. La découverte et la prise de conscience du muscle transverse sont un véritable changement dans la perception du corps et la réalisation des mouvements.
- Formation Yoga périnatal
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3 – Accumulation de graisse
Bien entendu, chez beaucoup de nos patients on retrouvera un excès de graisse autour du ventre, perçu généralement comme disgracieux, et parfois réellement inconfortable ou handicapant.
On a coutume de présenter séparément la graisse viscérale, profonde et la graisse sous-cutanée, palpable sous la peau. La première serait plus fréquemment associée aux complications du syndrôme métabolique (cardio-vasculaire par exemple).
Or un excès de tissu adipeux, quel qu’il soit, est avant tout le résultat d’une dysfonction métabolique. L’énergie consommée non utilisée est stockée sous cette forme. Il convient donc d’enquêter sur les raisons de ce dérèglement.
De multiples causes hormonales peuvent être évoquée : hypothyroïdie, hypercorticisme, déséquilibre oestro-progestatif mais surtout : résistance à l’insuline. Cette hormone secrétée après une consommation de glucides envoie l’ordre de déplacer l’excès de sucre sanguin vers le foie et les cellules adipeuses. Si on y a recours trop souvent : en mangeant sucré ou des aliments à charge glycémique élevée, les cellules-cibles deviennent résistantes, on en sécrète de plus en plus, et fatalement, on grossit. Ou devrais-je dire « on grassit » !
L’association d’un IMC et d’un tour de taille élevés avec le risque de mortalité est admis. Le plus souvent, on demande au patient de maigrir pour retrouver des marqueurs biologiques normaux. Or la prise de graisse abdominale est une conséquence, au même titre que les autres risques, de l’insulinorésistance. C’est en corrigeant la cause qu’on aura une réelle efficacité.
Ces patients sont parfois obsédés par les exercices d’abdos ou de gainage. Mais pour déloger la graisse de leur ventre, il leur faut travailler sur le métabolisme dans son ensemble ! Une activité physique du corps entier, effectuée au cross-over point, ou encore des séances de HIIT seront bien plus efficaces. La régularité de ces pratiques, associées à une alimentation adaptée et une prise en charge fonctionnelle de leurs fonctions métaboliques, seront payantes à la fois sur le tour de taille mais aussi sur la santé à long terme.
Lors d’une telle prise en charge, il sera donc beaucoup plus pertinent de suivre l’évolution du tour de taille de la personne, plutôt que son poids sur la balance ou même son IMC.
Pour mémoire, le tour de taille devrait être égal à la moitié de la hauteur totale, soit hauteur/tour de taille = 0,5. On considère qu’il y a un risque de surmortalité à partir de 0,6. Faites le test autour de vous : vous verrez que cela concerne beaucoup de monde !
Formation sur la prise en charge nutritionnelle de la Thyroïde
Formation sur la prise en charge micro-nutritionnelle du stress et du burn-out
Ces trois situations peuvent exister indépendamment ou de manière additionnelle. C’est ce qui fait l’intérêt de bien comprendre et mettre en place un programme personnalisé pour vos patients. Chaque pilier de fonctionnement a son intérêt propre mais fait aussi partie d’un tout, comme l’illustre ce schéma : chaque système est nécessaire et indispensable, pour retrouver son ventre plat.
Elsa Jouenne
Titulaire d’un DE de masseur-kinésithérapeute de l’IFMK Strasbourg depuis 2007, Elsa JOUENNE est passionnée par de nombreuses techniques en lien avec la parentalité :
– Haptonomie
– Yoga prénatal
– Méthode Bonapace de préparation à l’accouchement
– Méthode De Gasquet pour l’accouchement, la rééducation périnéale et abdominale
– Maternage, portage en écharpe, allaitement maternel
– Motricité libre
– Pédagogie Montessori
– Langue des signes pour bébé, diversification menée par l’enfant.
En 2018/2019 elle ajoute à ses nombreuses formations un DU micronutrition de la faculté de pharmacie de Strasbourg
Elle enseigne au sein de kiné-formations la Formation nutrition nourrissons et plusieurs E-learning.
1 réflexion sur “Ventre plat : la solution ?”
merci pour ces techniques!