Je m’appelle Thierry BLAIN, je suis kinésithérapeute, et je pratique la technique des ventouses depuis 35 années ( Article ).
Que ce soit au sein de structures professionnelles de football , ou dans mon cabinet, j’utilise les ventouses quotidiennement.
D’autre part, je partage mon expérience professionnelle de cette approche thérapeutique depuis 19 années auprès de mes collègues kinésithérapeutes et ostéopathes au sein de différents organismes de formations : Kiné Formations, au CEKCB mais aussi en Suisse, en Espagne et au Portugal. Lors de la formation, nous abordons les principes d’actions physiologiques et thérapeutiques de cette technique, mais aujourd’hui, et ceci dans un objectif de sécurité pour les patients, je souhaite faire connaître quelques contre-indications.
Bien que cet outil thérapeutique apporte plutôt des effets bénéfiques, il est nécessaire d’en connaitre aussi les contre-indications.
Recevant régulièrement des appels à l’aide de collègues, face à des situations imprévues après la pose de ventouses ( Article concernant la RCP ), je peux affirmer que la plus grande contre-indication repose sur le fait de ne pas être formé et de l’utiliser sans en connaître les conséquences ( Article ).
Bien que cette technique soit pratiquée sur tous les continents et ce depuis des siècles ( Article ), elle n’en demeure pas moins une thérapeutique pouvant présenter des effets indésirables.
Souhaitant répondre aux standards des connaissances médicales et para-médicales, je vais partager avec vous quelques critères pouvant exclure l’utilisation des ventouses dans notre contexte professionnel.
Pas de ventouses sur les faces antérieures et médiales du corps humain
Pourquoi ?
Si l’on se place dans le cadre des professions de kinésithérapeutes ou d’ostéopathes, force est de constater que la majorité des douleurs musculo-squelettiques se localisent sur la partie poster-latérale du corps de nos patients.es. Il existe bien quelques exceptions comme la pubalgie ( article ) par exemple, mais elles sont rares.
D’autre part, si l’on observe l’anatomie et les structures molles du corps humains, nous observons que pour des raisons de protection, les paquets vasculo-nerveux, sont situés dans les parties antérograde-médiales : creux axillaire, pli de l’aine, face médiale des membres supérieurs et inférieurs.
Donc poser des ventouses sur ces régions n’est pas sans risque pour ces structures nobles.
De plus, du fait de la souplesse des tissus antéro-médiaux, lorsque l’on pose une ventouse dans ces régions, l’afflux sanguin est beaucoup plus conséquent que dans les parties postero-latérales. Hors, notre objectif n’est pas de mobiliser du sang, mais bien d’améliorer la trophicité des tissus.
Pour toutes ces raisons, la pose de ventouses en antéro-médiale n’est pas indiquée. Toutefois, il est possible de poser des ventouses sur ces régions si l’on utilise une dépression faible dans un but réflexe, ou si l’on utilise la ventouse en massage (d’une cicatrice ( Article ) par exemple).
Pas de ventouses sur une lésion musculo-aponévrotique fraîche
Pourquoi ?
Une des problématiques de la lésion musculaire est l’envahissement sanguin des espaces inter-aponévrotiques, ainsi que la création d’un volume sanguin plus ou moins important. Ce sang finira par faire du fibreux et des adhérences lors de sa cicatrisation. Ce tissu conjonctif cicatriciel favorisera alors les récidives et une perte de visco-élasticité, tant locale que sur le groupe musculaire concerné.
Donc, poser une ventouse dans ce contexte ne ferait qu’aggraver la situation que tous les soignants dans le monde sportif tentent de limiter.
Dans ce contexte, les soins classiques sont à privilégier.
Par la suite, les ventouses pourront être utilisées de manière très spécifique dans le but de retrouver une visco-élasticité. Ce traitement fait partie du contenu de formation (PDF).
Pas de ventouse sur cancer.
La pose des ventouses favorisant une ouverture des petits capillaires sous-jacents, donc la vascularisation, il est donc contre-indiqué de poser des ventouses dans ce contexte.
Pas de ventouse sur un état cutané altéré :
Qu’il s’agisse d’une plaie, d’irritations cutanés, de maladie de peau, de brûlure, tatouage récent, nous ne posons pas de ventouses sur une peau altérée.
Pas de pose de ventouses fixes pendant 20 minutes sans contrôle
Pourquoi ?
Bien que le temps de pose des ventouses n’ait pas fait l’objet d’étude spécifique, la pratique tout autant que l’expérience, montrent que un temps trop long et une aspiration trop forte n’apportent que des désagréments (flyctènes, collection de sang parfois, douleur, contracture…)
Il n’est pas rare d’entendre que le temps de pose des ventouses est de 20 minutes. Les thérapeutes expérimentés savent qu’il n’est pas nécessaire de donner trop d’informations à un corps souffrant pour obtenir un résultat. L’effet peut même est contraire.
Voilà la proposition que je vous encourage à expérimenter. Par la suite, libre à chacun de pratiquer comme il le souhaite au sein de son cabinet. Cependant, je considère qu’une pratique non raisonnée de la technique des ventouses peut être source de critiques tout à fait justifiées.
Donc, expérimentez et décidez ensuite ce qui vous parait logique, efficace et surtout non délétère.
Avant de poser des ventouses fixes, et dans un souci d’efficacité, et de respect des principes de nos professions paramédicales, je vous conseille tout d’abord d’appliquer une huile de massage ( article ), puis d’utiliser les ventouses adéquates ( voir Formation ), pour pratiquer un massage à la ventouse qui se rapproche d’un palper rouler à la recherche de fibroses.
Ensuite en fonction des zones de restrictions trouvées, de la symptomatologie du patient, appliquez la ou les ventouses sur les zones choisies. Puis observez les réactions locales ainsi que celles de votre patient : confort, gène douleurs…
Vous observerez que tous les effets bénéfiques se déroulent dans les première 10 minutes. Alors que les effets délétères apparaissent entre 10 et 20 minutes.
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Bonne pratique à toutes et à tous.